C'est un de ces rêves sans histoire, sans scène. Un rêve suivant le fil d'une effluve. Comme une enveloppe, un bain qui amorce un transport sanitaire. Un bourdonnement de bienveillance ; il y a comme une chaleur infrarouge. Je me vois dans ce flux me reconstituer, je me vois endormi, comme dans ces moments où mon âme se détache pour s'observer, quand mon esprit, lui, sombre en boucle infinie. Comme un dédoublement. Mon gardien, et moi apaisé, au repos.

Cela me rappelle cette nuit d'hôpital, quand je veillais sur mon compagnon de chambre. Ce jeune homme au regard bleu et pur ne pouvait qu'être un saint, un envoyé, un messager. Il venait de la rue, fracassé, mais rien ne pouvait lui voler sa jovialité. Je devais prendre soin de lui avant qu'il ne reprenne la route. Je dirigeais alors mes pensées torrentielles droites vers lui, tout pour lui, rien que lui. Il fallait qu'il se répare, qu'il dorme le plus intensément possible. Plus mes pensées se concentraient, plus son ronflement vrombissait. Je poussais, poussais son sommeil dans les proportions exactes de ma veille, moi tous voyants allumés, à plein régime, calorifique…

La nuit a été longue, sans interruption, sans sueurs nocturnes comme ces derniers temps. Je ne me suis pas réveillé en bondissant.

Peut-être quelqu'un a-t-il veillé sur moi cette nuit ?